Dans cet épisode, nous piquons de notre fourchette les secrets d’un vieillissement plein de peps ! Envie d’en savoir plus ? Pour les plus pressé·e·s d’entre vous, nous avons résumé ici les temps forts de l’échange passionnant que nous avons eu avec Serge Rezzi, directeur de la Swiss Nutrition & Health Foundation, et Dominique Truchot-Cardot, directrice du SILAB, Source Innovation Lab.
Cet échange s’est fait dans le cadre de notre nouvelle collaboration avec le SILAB, à l’occasion de la causerie Toque et Doc du 26 septembre 2024 sur la précarité alimentaire chez les seniors. Pour écouter en entier l’épisode #33, cliquez ici !
Notre planète est habitée par de plus en plus de personnes qui vivent de plus en plus longtemps. Malheureusement, l’espérance de vie s’allonge plus vite que l’espérance de vie en bonne santé. L’une des raisons majeures de cet écart est liée à l’augmentation des maladies chroniques, principalement associées à quatre facteurs : la consommation de tabac, la consommation d’alcool, le manque d’activité physique et… l’alimentation.
À ce sujet, nous vous encourageons à (ré-)écouter l’épisode #22 dans lequel nous avions interviewé Serge Rezzi pour un cors accéléré sur la nutrition: “la nutrition en question”.
Vieillissement et précarité
Notre corps vieillit, inexorablement, à chaque instant. Nous n’y pouvons rien. Par contre, il y a un aspect sur lequel nous avons du pouvoir, c’est sur ce que nous mettons dans notre assiette. Dans un pays comme la Suisse, ce choix est cependant limité par les moyens à notre disposition. Le manque d’accès aux moyens financiers et à l’éducation mène à la précarité alimentaire. Quand cette précarité touche les personnes vieillissantes, elle peut être fatale.
MLC : Pourquoi nos besoins nutritionnels évoluent-ils avec l’âge ?
Serge : Les besoins nutritionnels correspondent à la quantité de nutriments dont nous avons besoin de manière quotidienne pour assurer le bon fonctionnement de notre organisme. Comme toute machine, le corps humain s’use avec le temps. Nos besoins nutritionnels évoluent avec l’âge. Mais au-delà de l’âge, d’autres facteurs, extrinsèques et intrinsèques, jouent un rôle. Parmi les facteurs extrinsèques, c’est-à-dire liés à l’environnement socio-économique, on a :
la réduction des relations sociales
la perte de pouvoir d’achat
la baisse de la stimulation intellectuelle
l’isolement
les difficultés d’approvisionnement (quand on vit dans un village, par exemple)
l’entrée en institution
Les facteurs intrinsèques, quant à eux, sont liés à la biologie. L’atteinte plus rapide du sentiment de satiété ou la perte d’appétit en sont des exemples. Quand on mange moins, il faut manger mieux, c’est-à-dire répondre à nos besoins en nutriments.
J’utilise la notion d’« efficience nutritionnelle » pour évoquer des aliments qui seraient pertinents aussi bien en termes de nutrition – c’est-à-dire dont notre organisme va pouvoir bien absorber les nutriments – que de protection de l’environnement dont nous devons absolument tenir compte si nous voulons continuer de nourrir la population mondiale croissante avec les ressources limitées de notre planète. Par exemple : une protéine végétale a un impact carbone très faible, mais également une très faible digestibilité. De mon point de vue, elle n’est pas efficiente pour l’être humain sur le plan nutritionnel. Dans ce contexte, j’aimerais inviter les pouvoirs publics et l’industrie à communiquer de manière plus transparente sur la qualité des protéines, et non pas uniquement sur la quantité comme c’est le cas aujourd’hui.
Remarque : si vous voulez savoir en quoi les protéines animales et végétales diffèrent, écoutez l’épisode #33 !
MLC : Comment toi, Serge, rajoutes-tu de la vie à tes années, et non pas juste des années à ta vie ?
J’essaie :
de mettre de la couleur dans mes assiettes et de manger varié.
de pondérer mes apports en viande et d’avoir des sources de protéines variées.
de maîtriser la cuisson de sorte qu’elle ne soit pas destructive au niveau de la structure de l’aliment, du goût et du contenu nutritionnel.
MLC : Et toi Dominique, quel serait ton secret de longévité heureuse ?
La passion et le plaisir. Les interactions sociales sont primordiales, y compris dans la nutrition. La longévité vient de cette capacité à se lier aux autres, pour partager un repas ou autre chose. On y associe de l’exercice physique et cela nous permet d’arriver à cet âge avec une bonne condition physique. On a démontré récemment qu’en montant des escaliers 5 minutes par jour, on prolonge son espérance de vie de 10 ans. On a constaté aussi que les centenaires font la sieste. C’est vraiment un art de vivre.
J’avais l’habitude de dire à mes patients assez âgés qu’ils étaient des voitures de collection. Il ne viendrait à personne l’idée de ne pas mettre de l’essence de qualité dans une voiture de collection. Alors faites-en autant pour vous. Et faites tourner le moteur de temps en temps.
MLC : Comment est-ce que vous encouragez l’apprentissage du bien manger pour bien vieillir ?
Serge : Il y a l’éducation, la vulgarisation, la transparence sur les produits alimentaires, une politique de prévention digne de ce nom – notamment pour les maladies cardiovasculaires ou l’obésité. On doit avoir le choix individuel de se nourrir d’une façon ou d’une autre, mais l’État doit encourager la mise en évidence scientifique du rôle de l’alimentation en matière de santé.
Dominique : Je partage ton avis. Je suis très en colère quand je vois que, selon une étude récente, les 15-17 ans ont une condition physique moins bonne que les plus de 80 ans dans le canton de Vaud. Quand va-t-on réagir ?
Nous espérons que ce bref récap vous aura plus. N’hésitez pas a relayer et poster vos commentaires!
Et pour découvrir les recettes préconisées par nos invité·e·s, écoutez l’épisode #33 ! Et pour découvrir le Replay de l'event c'est par ici !